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1 ♦ Vingtième lettre et seizième consonne de l'alphabet : t majuscule (T), t minuscule (t). Ne pas oublier la barre du t. « et, qui plus est, vous ne barrez point vos t » (France). — Prononc. Lettre qui, prononcée, note l'occlusive dentale sourde [ t ] (tard, bateau, hotte, pirouette, ouest), sauf devant un i suivi d'une voyelle où t note généralement [ s ] (initiation [ inisjasjɔ̃ ] , confidentiel, ambitieux, inertie), s'il n'est pas précédé du son [ s ] (amnistie, bestial, mixtion). — Digramme comportant t : th, qui note [ t ] dans des mots issus du grec (théâtre, thon, thym). Le t euphonique, intercalé entre le verbe et le pronom sujet postposé commençant par une voyelle pour éviter l'hiatus (comment va-t-il ?). Fam. ou région. Ça va-t-il ? [ savati ]. J'y va-ti, j'y va-ti pas ?2 ♦ Par anal. Forme du T majuscule. Bandage, antenne en T. « la place Royale, espèce de T ou plutôt de maillet à manche tronqué » (Nerval). Par ext. Objet qui a cette forme. ⇒ 1. té.⊗ HOM. Té, tes (1. ton), thé. t 2. t abrév. et symboles1 ♦ T [ tera ] n. m. inv. Téra-.2 ♦ T [ tɛsla ] n. m. inv. Tesla.3 ♦ T [ tu(t)ti ] n. m. inv. Tutti.4 ♦ t [ tɔm ] n. m. inv. Tome.5 ♦ t [ tɔn ] n. f. inv. Tonne.tn. m.d1./d Vingtième lettre (t, T) et seizième consonne de l'alphabet, notant l'occlusive dentale sourde (ex. dette, thé), parfois la sifflante dans le groupe ti (ex. patience), ne se prononçant pas en finale de la plupart des mots (ex. lot ni en finale des formes verbales (ex. il vit). Un t euphonique.d2./d Par anal. En T: en forme de T majuscule.|| Règle en forme de T: V. té.⇒T, t, lettreLa vingtième lettre de l'alphabet; un exemplaire de cette lettre.A. — [La lettre en tant que telle]1. [L'attention porte sur le caractère; la barre, trait saillant du graphisme du caractère] Presque toutes les phrases semblaient soulignées, simplement parce que la barre des t étant tracée non au travers d'eux, mais au-dessus, mettait un trait sous le mot correspondant de la ligne supérieure (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 499).— P. anal. (de forme). Objet dont la forme évoque un T (s'écrit aussi té, v. té1). [La réunion des deux divisions pulmonaires] à ce tronc représente une espèce de T (M.-F.-R. BUISSON, Traité d'Anat. descriptive, t. 4, 1919, p. 62). Raidisseurs en double T (ROMANOVSKY, Mer, source én., 1950, p. 51). Fers en T (ROMANOVSKY, Mer, source én., 1950 p. 118).— En partic. [Empr. à l'angl.; se prononcent [ti-], s'écrivent aussi tee-] T-bone. Os de la forme d'un T. Il existe maintenant, à Paris, une dizaine d'endroits où goûter (...) le T-bone steak (côte de bœuf dont l'os découpé spécialement a la forme d'un T, autour duquel on trouve un morceau de filet, une entrecôte, etc.) (L'Express, 17 mai 1976, p. 48, col. 2). T-shirt.2. [L'attention porte sur la valeur phonét.]— [Sur l'articulation plus ou moins énergique] C'est quelqu'un de très mal, me dit Mme de Villeparisis avec l'accent vertueux des Guermantes même les plus dépravés. De très, très mal, reprit-elle en mettant trois t à très (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 218).Rem. L'énergie de l'articulation est représentée par la répét.; le procédé recoupe la représentation du bégaiement: Je sens la lettre et, d'y penser, j'en bégaye parfois. Et...t...t...torrida semper ab igni (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 96).— [Sur la coloration palatale d'articulations vélaires représentée par la substitution d'un t] Le t pour le c dur se trouve en latin:quinque, quintus, ce qui correspond à la déformation française [dans cintième, chartutier, pour cinquième, charcutier] (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 141). Vidame lui cria, la voix sifflante:— Pas comme Boubouroche, quand même! C'est un roi, Hellouin! Un roi balourd, un roi malgré tout. Et puis, mon vieux, fais quand même un effort pour ne pas prononcer les C durs comme des T. Tu dis: tarattère. C'est navrant (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 14).— [La momentanée t connote un caractère abrupt par rapport à la continue ch et à la voy. i, toutes articulations ant.] Sa façon de dire les terminaisons en i faisait croire à quelque chant d'oiseau; le ch prononcé par elle était comme une caresse, et la manière dont elle attaquait les t accusait le despotisme du cœur. Elle étendait ainsi, sans le savoir, le sens des mots, et vous entraînait l'âme dans un monde surhumain (BALZAC, Lys, 1836, p. 40).3. [L'attention porte sur le caractère et la valeur phonét. du caractère, indistinctement, ou séparément]— [Dans une liaison]:• ... les parents de Gilberte, si l'un d'eux se trouvait passer au moment de mon arrivée, loin d'avoir l'air irrité, me serraient la main en souriant et me disaient: — Comment allez-vous? (qu'ils prononçaient tous deux « commen allez-vous » sans faire la liaison du t, liaison qu'on pense bien qu'une fois rentré à la maison je me faisais un incessant et voluptueux exercice de supprimer).PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 504.Rem. 1. P. DELATTRE, Studies in French and Comparative Phonetics, 1966 et P. ENCREVÉ, La Liaison avec et sans enchaînement, 1988: liaison des adv. interr. avec le mot suivant proscrite, sauf le groupe figé comment allez-vous. Dans comment avez-vous fait, non liaison de comment avec le mot suivant. 2. Cas remarquable de liaison en t, la liaison du -t de 3e pers.: vient-il, prend-il, viennent-ils, et va-t-il, voire Malbrough s'en va-t-en guerre, où t ne fait pas (ou plus) partie de la forme verbale ou, dans Malbrough s'en va-t-en guerre, n'est pas standard. Cas extrême, l'ext. aux autres pers., dans une lang. non standard, d'un amalgame t + pron. il réduit à i: Vous entrez-t'y, Docteur? (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 376).— [Addition ou soustraction d'un t] C'est ainsi que se sont formés, par l'adjonction d'un t ou d'un d, nombre de mots qui, dans l'original latin, n'ont aucune dentale (...): « Le peuple, toujours fidèle à l'instinct, continue cette transformation euphonique et dit castrole pour casserole. » (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 143). [À propos d'iniation, pour initiation] C'est tout simplement la règle de la chute du t médial; avec encore un effort, on aurait un mot pareil à tant de vieux mots français (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 166).— [T muet] Le t [d'accent] est une lettre sans valeur aucune, un simple signe d'étymologie (DESTUTT DE TR., Idéol. 2, 1803, p. 363). Bien qu'il ne soit pas illettré, son orthographe est aussi capricieuse que son langage, ce qui le maintient dans les emplois subalternes. Il ne sait même pas au juste si son nom se termine par un d ou par un t (DUHAMEL, Journal Salav., 1927, p. 31).B. — [La lettre désigne un référent autre qu'elle-même, directement, ou dans une abrév. d'un signe lex. corresp.]1. [Avec une réf. lex.]a) [Abrév. d'une lettre; à l'oral, le signe lex. corresp. est prononcé en entier]— t. Tome. Hegel a fort bien expliqué ceci. (Cours d'esthétique, t. II, p. 108, trad. Bénard) (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 496). Je lis dans Rutherford (t. II, p. 113) un passage sur le diable et l'enfer qui vient admirablement en aide à ma pensée (GIDE, Journal, 1916, p. 531).— t. Tonne. Une poêle produit ainsi environ 5 t de sel par vingt-quatre heures (STOCKER, Sel, 1949, p. 57). Un tonnage de 557 249 t (WOLKOWITSCH, Élev., 1966, p. 208).b) [Abrév. de plus d'une lettre et sigles constitués par les init. de mots, de morph., voire de syll. consécutives; à l'oral, épellation ou prononc. syllabique]— TA. [Abrév. reconnue par l'Union internat. de la presse méd.] En cardiologie, tension artérielle (d'apr. J. P. POINSOTTE, Dict. des signes méd., 1981).— TAL. Traitement automatique des langues. (Ds Dict. de sigles, domaines écon. et soc., Paris, La Maison du dict., 1992).— TBC. [Abrév. reconnue par l'Union internat. de la presse méd.] Tuberculose (d'apr. J.-P. POINSOTTE, Dict. des signes méd., 1981).— TD. Travaux dirigés. V. pointé ex. de Libération.— TEC.— TEE. Trans european express. (Ds Dict. de sigles, domaines écon. et soc., Paris, La Maison du dict., 1992).— TEM. [Abrév. reconnue par l'Union internat. de la presse méd.] Triéthylène-mélamine (d'apr. J. P. POINSOTTE, Dict. des signes méd., 1981).— TEP. Tonne d'équivalent pétrole. On va (...) faire pousser dans nos champs des T.E.P. (Le Nouvel Observateur, 21 janv. 1981, p. 47, col. 2).— TIR. Transit international routier; Transports internationaux routiers. (Ds Dict. de sigles, domaines écon. et soc., Paris, La Maison du dict., 1992).— TNP. Théâtre national populaire (Ds Dict. de sigles, domaines écon. et soc., Paris, La Maison du dict., 1992).— TNT. Trinitrotoluène ((Ds Dict. de sigles, domaines écon. et soc., Paris, La Maison du dict., 1992).— TP. Travaux pratiques (Ds Dict. de sigles, domaines écon. et soc., Paris, La Maison du dict., 1992).— TP. Travaux publics (Ds Dict. de sigles, domaines écon. et soc., Paris, La Maison du dict., 1992).— TPG. Trésorier payeur général (Ds Dict. de sigles, domaines écon. et soc., Paris, La Maison du dict., 1992).— TSF.— TTC. Toutes taxes comprises. Très beau, parfaitement maniable et pas trop cher (3 700 francs, T.T.C.) (Le Nouvel Observateur, 22 août 1981, p. 53, col. 3).— TUP. Titre universel de paiement. (Ds Dict. de sigles, domaines écon. et soc., Paris, La Maison du dict., 1992).— TV ou tévé (rem. s.v. télé). [Respectivement init. des constituants primaires de télévision, et transpos. orth. du n. phon. de ces init.; prob. empr. ou calque de l'angl.; l'équivalent ordinaire télé résulte de la troncation (apocope) de télévision]— TVA.2. [Par attribution arbitraire de la lettre; oralement, épellation] La position de Jupiter à l'instant t (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 52). Son horloge [de la station] marque l'heure t (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905 p. 187).— [Avec une motivation interne] Temps t.Prononc. et Orth.:[te]. Ac. dep. 1694. Ac. 1835, 1878: ,,On la nomme Té, suivant l'appellation ancienne et usuelle; et Te, suivant la méthode moderne``, c.-à-d. à qqc. près, par la valeur. Fait partie des noms de lettre en [-e]: b, c, d, etc. auxquels on prête le genre masc. Les ex. supra notent les rapports du phonème avec ses voisins: d, son équivalent sonore, et c dur, c.-à-d. [k], qui le suit dans l'articulation palatale et avec lequel il est confondu dans des prononc. pop. Dans cintième, chartutier, parattère, v. GOURMONT et DUHAMEL supra A 2, t représente l'articulation palatale, qui est bien une forme de [k] tirant sur [t]. Autres rapports de t, avec c doux, c'est-à-dire [s], qui résulte d'une palatalisation historique (p. ex. dans initiation, v. GOURMONT supra), et avec lui-même, dans le renforcement (trois t, v. PROUST supra). Fréq. abs. littér.:39 082. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 54 747, b) 57 308; XXe s.: a) 51 815, b) 57 629. Bbg. QUEM. DDL t. 21.t [te] n. m.❖1 Vingtième lettre et seizième consonne de l'alphabet, servant à noter une occlusive dentale sourde [t]. || T majuscule, t minuscule. || Deux t (tt). || Le groupe th se prononce [t] dans tous les cas (ex. : thème, athée, luth); tt se prononce [t], sauf dans les emprunts grecs, latins, italiens (ex. : larghetto); t final est muet dans les formes verbales (ex. : il partit), et dans la plupart des autres mots sauf exception (ex. : net, huit, dot, zut…). — Le groupe ti ailleurs qu'à l'initiale se prononce tantôt [tj] (ex. : matière, étiage) ou [ti], tantôt [sj] (ex. : ambitieux, patience, rationnel, nuptial…) ou [si] (ex. : calvitie). || Le groupe tion se prononce [sjɔ̃], sauf dans himation.1 (…) le ch prononcé par elle était comme une caresse, et la manière dont elle attaquait les t accusait le despotisme du cœur.Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VII, p. 796.1.1 « Messieurs et chers collègues, l'agriculture est la plus noble des professions… » (S'arrêtant) Tiens ! tu as mis deux s à profession ?— Sans doute…— Ah ! chère petite !… (À part) Moi, j'avais mis un t, tout simplement (…) (Lisant)(…) celui dont le cœur ne bondit pas à la vue d'une charrue, celui-là ne comprend pas la richesse des nations !… (S'arrêtant) Tiens, tu as mis un t à nations ?— Toujours.— Ah ! chère petite !… (À part) Moi, j'avais mis un s tout simplement !… les t, les s… jamais je ne pourrai retenir ça !E. Labiche, la Grammaire, 7.2 C'est une faute d'orthographe ! et, qui plus est, vous ne barrez point vos t.France, les Désirs de Jean Servien, XIX.♦ T euphonique intercalé entre le verbe et le sujet dans l'inversion, lorsque le verbe n'a pas de finale en t (ex. : Arrive-t-on, aime-t-il), par analogie avec les formes verbales en t, comme dans part-on, vient-il… (généralisé au XVIe s.). — Par ext., pop. || J'y va-ti. ⇒ Il (REM. 2), ti. || T intercalé dans : voilà-t-il pas.3 Parmi les créations de notre langue propres à interroger, une des plus curieuses est celle de la particule -ti, qui tient une si grande place dans la phrase interrogative populaire d'aujourd'hui. Elle a été tirée du t soit étymologique soit analogique (et euphonique) des troisièmes personnes verbales (est-il, vient-il, sont-ils, — a-t-il, aime-t-il, viendra-t-il), combiné avec le pronom masculin qui suit. Il était tout naturel de regarder cette finale t-il, qui revient si fréquemment dans l'interrogation et qui la souligne, qui la sonne, avec tant de netteté, comme ayant de soi une existence propre et une vraie valeur interrogative. C'est ce qui a dû se produire dans l'esprit populaire dès le XVIIe siècle (…)G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §652.2 (1765, in D. D. L.). Forme du T majuscule (surtout dans : en T). || Cour en T. || Bandage en T. || Antenne en T. — Par ext. Objet qui a cette forme. ⇒ Té.4 (…) les équerres, les compas, la règle plate en forme de T (…)Paul Bourget, le Disciple, IV, I.5 (…) la place Royale, espèce de T ou plutôt de maillet à manche tronqué, qu'entourent sur trois côtés (…) de belles maisons (…)Nerval, Notes de voyage, Lettres des Flandres, II, II.♦ T' abrév. de tome; de tonne (métrol.).❖HOM. Té, thé.
Encyclopédie Universelle. 2012.